samedi 13 juin 2020

Sortie « Mycologie et chênes verts, du côté de Santenay (21)

  Il n’est pas rare d’entendre dire d’un mycologue qu’une belle récolte inattendue suffit à rembourser le déplacement...

  Organiser une sortie mycologique en plein mois de juin pouvait présumer d’une modeste récolte. C’est pourquoi il avait été choisi de proposer aux membres de la SSNB d’aller visiter ce que doit être la plus belle station de chênes verts (Quercus ilex) du département de la Côte-d’Or à Santenay. Cette essence peut entraîner avec elle un cortège de champignons inféodés dont nous espérions trouver un ou plusieurs représentants. Dans le cas contraire, découvrir ces arbres méridionaux serait de nature à contenter tous les participants.

Revenons au contexte de cette sortie... En ce 13 juin 2020, la France est déconfinée depuis peu, le Covid-19 est toujours présent, les sorties publiques sont à nouveau autorisées, mais sous conditions, c’est la moindre des choses. Nous n’étions que 10 au final, nombre exact maximal autorisé, parfait !

 Sous la conduite de Jean-Claude Verpeau (SMCO) et Alain Gardiennet (SMI), deux sites ont été visités  :

: • Un premier jouxtant le village de Santenay, vers le château (GPS Site 1 : 46°55.409 - 4°42.085) Cette station est composée de plusieurs dizaines de chênes verts allant de vieux exemplaires au-dessus d’une parcelle de vignes, à des petits chênes très récents témoignant respectivement de son ancienneté et de son dynamisme. Pour s’y rendre nous nous sommes garés au bout de la rue de la Bussière, vers une propriété privée qui abrite deux énormes chênes verts, probablement présents depuis très longtemps.

 • Un second plus au nord dans la friche calcaire (GPS Site 2: 46°55.403 – 4°42.090), au sein de chênes pubescents, cerisiers de Sainte-Lucie, alisiers blancs, genévriers et autres commensaux de cet habitat classique sur la côte. 

Une vingtaine d’exemplaires de taille petite à moyenne forment cette station, témoignant d’une installation spontanée relativement récente (19 étaient observés en 2015 / information non publiée, A. Gardiennet). Notons également entre les deux sites la présence d’un exemplaire de belle taille isolé en dessous d’une parcelle de vignes. 

Voici les résultats de nos prospections :

 Site n°1

 Etaient présents sur les branchettes mortes des gros chênes verts des champignons corticiés ou gélatineux, assez classiques, citons : 

 Vuilleminia comedens, Myxarium nucleatum, Exidia truncata, Exidia repanda, Exidiopsis effusa, Peniophora quercina, Peniophora aurantiaca, Stereum quercinum. 

A cette liste, rajoutons la présence d’un pyrénomycète rarissime : Valsaria lopadostomoides. Espèce créée en 2012 à partir d’une récolte grecque de Corfou, aucune autre récolte au monde n’était jusque là connue. Il s’agit donc d’une découverte majeure. Ce champignon est peu spectaculaire, car petit, immergé dans le bois mort, mais sa microscopie est plus attirante. (Détermination, A. Gardiennet) : 

 


 

Jean-Claude Verpeau traquait quant à lui le champignon lamellé. C’est en fouillant, tel un sanglier à la recherche de glands dans la litière de feuilles, qu’il put en découvrir un, certes ne mesurant seulement quelques millimètres : Mycena quercus-ilicis, qui comme son nom l’indique ne vient que sur les feuilles de chênes verts. Première observation en Côte-d’Or également, et de deux !

 


 


 A cette belle liste de champignons « querci-ilicicoles », rajoutons des observations de champignons croissants sur branchettes de buis présents vers les gros chênes :

 Rhytidhysteron hysterinum, Unguiculariopsis ravenelii subsp. hamata (associé au précédent), Massarina cf corticola, Peniophora proxima

Site n°2 :  

Les chênes verts dans cette friche étant plus jeunes, rien ne fût noté sur ou sous ceux-ci. Notre attention s’est donc portée sur la pelouse calcaire. Ce milieu, Xerobromion erecti, est réputé à la fin de l’automne. La présence de Tulostoma brumale de l’hiver précédent n’est donc pas illogique en cette fin de printemps.

 La belle surprise du jour (la troisième en fait), est venue de Claude Lerat qui nous signala un petit marasme aux airs du fameux mousseron (Marasmius oreades, automnal), mais des caractères l’en distingue rapidement. 

Verdict de la détermination par Jean-Claude Verpeau : Marasmius caespitum. Première observation en Côte-d’Or, et de trois ! 

 


 

Dans la pelouse, à noter aussi la présence de Agrocybe pediades var. bispora (= la forme bisporique de A. semiorbicularis) Les mycologues étaient donc comblés, cette sortie pourra d’ores-et-déjà prendre place dans la liste des sorties historiques locales. Quand on sait que environ 6000 champignons ont déjà été recensés dans le département, en rentrer 3 nouveaux n’est pas rien. Mais soyons francs, les 2 mycologues sont repartis comblés, mais les 8 autres participants non mycologues ont dû surtout retenir l’agréable journée de juin passée dans ce lieu magnifique qu’est la côte vers Santenay, terminée vers l’église du hameau de Saint-Jean. La nature nous a offert de belles rencontres naturalistes en tous genres. Souhaitons ne pas avoir trop dérangé la Zygène turquoise (Adscita sp. probablement statices)

 


 ou encore ce couple de timarques (Timarcha tenebricosa, la chrysomèle noire, encore appelée crache-sang!) 

 

mardi 9 juin 2020

Reprise des activités

Le virus n'a pas disparu, mais il a suffisamment régressé pour que nous puissions entrevoir une sortie en plein air, avec toutes les précautions nécessaires.

La SSNB propose, à ses adhérents, sur la base d'inscription, dans les limites de 2x10, une sortie à la découverte des chênes verts de Santenay. Le covoiturage n'est peut-être pas à conseiller pour une fois. Merci de respecter ces conditions.
 Contacter : Alain Gardiennet : agardiennet@gmail.com

Samedi 13 juin 14h-17h30 - Santenay
RDV : 14h parking de  l'office du tourisme
Visite de deux stations de chênes verts : l'une, ancienne, proche du village, l'autre plus récente, spontanée, en friche calcaire.